Retour sur la demi-journée d’études “Perspectives Efigies” 

Demi-journée de table-rondes, tenue à la Cité Audacieuse et en ligne le 22 octobre 2024

La demi-journée d’études “Perspectives Efigies” a été organisée par le Bureau dans le contexte d’une restructuration de l’association en cours depuis septembre 2022. La journée poursuivait trois buts principaux : 

• Faire connaître l’association, son fonctionnement, ses moyens et ses besoins : si notre liste de diffusion est très utilisée (plus de 3500 abonné·es), peu de gens connaissent l’association qui la gère ! 
• Susciter des envies de nous rejoindre : l’association, comme beaucoup d’autres, a souffert lors de la période du Covid, produisant un déclin du nombre d’ateliers et un resserrement du bureau. Aujourd’hui, la plupart des membres du bureau sont en fin de thèse et souhaitent donc pouvoir passer la main dans les prochaines années. 
• Discuter collectivement, pas seulement au sein du bureau, mais avec toutes les personnes intéressées par l’association, de ses priorités, de ses modes d’action, d’éventuels ajustements nécessaires, après vingt années d’existence. 

Après une séquence d’introduction, la demi-journée s’est organisée en trois temps d’échanges. 

• Une association, des ateliers (animé par Marie Cabadi et Marie Lafon-Bach)

Les ateliers Efigies existent depuis la création de l’association : il s’agit d’événements auto-gérés, organisés autour d’une base thématique ou géographique, à la fréquence souhaitée par leurs membres. Une grande variété d’ateliers a existé sur les 20 dernières années (on peut les retrouver dans l’onglet “Ateliers / Ateliers en sommeil”). L’association accorde un budget annuel aux ateliers, qui peuvent également participer aux demandes de subventions pour financer des projets plus ambitieux. 

Marie Cabadi et Marie Lafon-Bach, respectivement ancienne co-responsable de l’atelier Efigies Ouest et représentante au Bureau de l’atelier Genre et Langages, ont présenté les activités de ces deux ateliers. 

Lucille Florenza, de l’atelier Efigies Marseille, a également présenté les activités de l’atelier, qui s’est réuni une fois par mois sous la forme d’un groupe d’entraide et de travail et a organisé avec succès un événement annuel ouvert au monde associatif et aux habitants et habitantes. 

La discussion s’est ensuite articulée autour de  plusieurs points : 

• Sur les raisons de la baisse du nombre d’ateliers actifs : il a été souligné que depuis l’instauration des nouvelles règles de formation doctorale, les doctorant·es sont particulièrement encouragé·es à organiser des séminaires et événements dans le cadre de leurs universités et ED de rattachement, réduisant à la fois le temps disponible et parfois la nécessité de se retrouver en-dehors de l’université. Pour valoriser le travail lié à l’organisation d’un atelier Efigies, nous souhaitons explorer les possibilités de rattachement au cas par cas à des laboratoires, notamment en faisant valoir les opportunités de co-financement apportées par Efigies. 
• La question d’un ancrage hors université peut toutefois s’avérer précieuse : les ateliers peuvent être des lieux de diffusion de la recherche à d’autres publics, d’ancrage dans le tissu associatif local… les conditions de production de la connaissance permises ou non par le cadre universitaire ont été discutées. Le bureau a rappelé l’existence de notre ancrage à la MIE Bastille, qui permet aussi la réservation de salles. 
• Concernant le format des ateliers, la discussion a mis en avant le fait que le format thématique, qui produit des séances type “séminaire” avec des invité·es extérieur·es, était le plus lourd à mettre en place et à organiser, l’ensemble du programme devant être pensé en amont. Au contraire, les ateliers locaux fondés sur une base d’entraide peuvent s’avérer plus souples et s’adapter aux besoins des membres. L’idée d’un atelier local île-de-France a été lancée ! 
• Le sondage proposé aux abonné·es a fait ressortir plusieurs idées d’atelier thématique – si vous souhaitez en lancer un, n’hésitez pas à écrire à contact.efigies@gmail.com !: 
  • Atelier sur les médias /info-com
  • La représentation et les changement de corpus
  • Féminisme décolonial, Ruralité, Classisme
  • Atelier littérature ou cours d’anglais 
  • Groupe de travail sur l’histoire des femmes et du genre dans les sciences dure et sciences sociales
  • Intersectionnalité race-genre

 

•  Gérer une liste de diffusion féministe : diversité des usages et enjeux de modération (animé par Héloïse Humbert)

La liste de diffusion, qui compte plus de 3500 abonné·es, est au cœur des activités de l’association. Elle représente la majeure partie du travail quotidien des membres du bureau. Si elle n’est pas modérée manuellement, les demandes d’ajout, de suppression et la validation des messages bloqués par le serveur demandent une attention quotidienne. 

Le bureau a attiré l’attention sur plusieurs points : en premier lieu, la centralité de cette liste dans le champ des études de genre en France, qu’elle participe fortement à structurer, sans être soutenue institutionnellement pour cela. Au contraire, ce sont de jeunes chercheur·es non titulaires et précaires qui gèrent bénévolement un outil qui profite en grande partie aux titulaires. 

Lorsque l’association est en difficulté, la liste l’est aussi : alors que s’est posée plusieurs fois la question de la pérennité d’Efigies, se pose également celle des répercussions scientifiques d’une éventuelle disparition de la liste.

Une discussion a eu lieu sur la question de l’institutionnalisation des études de genre et de l’anomalie que constitue cette liste auto-gérée en son sein : il a notamment été noté que cette institutionnalisation demeure récente et fragile dans le contexte politique actuel, et que le maintien de structures associatives indépendantes capables de fédérer la recherche en études de genres demeure donc très important. 

Le bureau a ensuite proposé comme base de discussion deux articles disponibles sur le carnet hypothèses, datant d’il y a plusieurs années : 

• La question des attaques ad hominem sur la liste : l’absence de modération a pu laisser la porte ouverte à des attaques et des propos discriminatoires, nécessitant des clarifications de la part du bureau. La charte de la liste, envoyée à tous·tes les nouvelles et nouveaux abonné·es, clarifie les messages qui y sont bienvenus : toute personne y contrevenant s’expose à un blocage de 15 jours, et à une exclusion définitive en cas de récidive. Toutefois, le bureau rappelle que bien qu’étant avant tout un espace d’information, la liste est aussi un lieu de soutien et d’entraide, et que le conflit y a sa place, notamment dans la mesure où celui-ci permet de mettre au jour les dysfonctionnements de l’association et les rapports de pouvoir qui la traversent. 
• La question de la liste comme espace militant : retour sur l’expérience de la grève de la liste pendant la mobilisation contre le projet de loi LPPR. Se pose aussi la question de définir un processus interne pour la signature collective de pétitions, tribunes, etc, qui nécessitent l’accord de l’ensemble des membres du bureau. 

La discussion a plus généralement mis en avant l’importance de travailler davantage la communication de l’association, en mettant régulièrement à jour le carnet Hypothèses, en alimentant les réseaux sociaux, et en trouvant un moyen technique de mettre en valeur les messages du Bureau sur la liste. 

Concernant le nombre de messages envoyés quotidiennement, que beaucoup jugent trop élevé, nous avons discuté des possibilités techniques (groupement par thème, envoi groupé quotidien), tout en soulignant l’importance de ne pas alourdir la charge de travail du Bureau. Il pourrait être envisagé de mettre en place un système d’en-têtes thématiques (Entraide, Appel à Comm, Colloque, etc). 

• Repenser EFiGiES : acteur·ices, bénéficiaires, projets (animé par Paulina Coeuret) 

Le dernier temps de la journée s’est organisé autour d’un débat sur les fonctions de l’association et ses bénéficiaires : dans un contexte d’institutionnalisation relative des études de genre, y a-t-il toujours besoin de se doter d’espaces associatifs, hors des laboratoires ? EFiGiES doit-il être un espace de professionnalisation des jeunes chercheureuses, qui s’y rencontrent, y organisent des événements scientifiques et se familiarisent avec les codes de la discussion scientifique dans un contexte plus bienveillant que d’autres contextes universitaires ? Ou alors un espace de solidarités et de recherches hors, voire contre l’université ? Faut-il resserrer certains liens, et si oui dans quelle direction ? 

Le débat a fait ressortir la nécessité de collaborer avec d’autres acteur·ices : dans un contexte de multiplication des projets et associations autour d’objectifs plus restreints, Efigies ne doit pas chercher à tout faire, mais nouer davantage de contacts avec d’autres groupes de recherche et groupes militants pour élaborer ensemble des projets. Les membres du bureau prennent pour exemple leur collaboration avec l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur et l’association Sexe et Consentement autour du fascicule “Consentement en milieu étudiant”, qui a suscité beaucoup d’enthousiasme. 

Différentes idées ont été proposées pour fédérer davantage : organiser une journée rassemblant les différents ateliers sous forme de mini-colloque, être présentes à des festivals étudiants et lors des rentrées universitaires, organiser des pots pour les nouvelles et nouveaux adhérent·es… Le bureau souhaiterait aussi entretenir les liens avec les ancien·nes de l’association, pour parler de l’histoire d’Efigies et des perspectives de carrières au sein de et en dehors de l’ESR. 

Parmi les projets évoqués figure également celui d’un annuaire des jeunes chercheurs et chercheuses en études de genre, établi à partir des adhérent·es à l’association.

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